
peintres, sur abadôn
sur la terrasse de Bonnard, les mauves coupent le matin en deux : orange de façade crépi de l’ongle, brossé de la langue sur un horizon de dames rouges, leurs épaules frêles, croulant sous les citrons verts et les vendanges
là dans les feuillages mûrs, ce verjus qui poisse les roses du banc solitaire, et plus loin ce petit bouquet de lumière, cueilli par les pans traînant de la nappe tiède et posé au centre de la table
derrière, ces bras ronds, offrant des cassis, des prunelles âpres fondues dans les bleus de blouses encore frissonnantes de sommeil, et ces cheveux ébouriffés de sucre, crépitant d’épines jaunes, follement dans les cous, sur les fronts humides, et qui agacent l’éclair, d’un pinceau plus bref qu’un pincement au coeur
ce déjeuner de silence, visages absents, un matin dans l’été qui s’égoutte, à quel autre fruit que le plus amer de ta palette, dois-je mordre Bonnard, pour y goûter, encore et encore
1ère mise en ligne et dernière modification le 20 février 2009
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