Casta Diva

Loire est grande voix, parfaitement chant dans le vacarme du jour


prolonger par un nouveau texte : la terre, et au-delà

Loire a des bancs et du sable, des oiseaux, des arbres, des bancs qui naviguent en plein milieu et des bancs sur le sable, quand Loire a des bords, bien rangés sur les rives, des bancs sur le bord qui regardent les arbres, les oiseaux, s’ébahissent d’être là sur le sable, pas dans l’eau à couler, plein milieu par le nez, avec les autres ces bancs, qui naviguent leur sable puis coulent, plein milieu où ça souffle, avec leurs arbres, leurs oiseaux, tout au fond où ça grouille de fauves, de tourbillons et de goules, avec des griffes et des dents, des courants, non, pas des bancs de sable, quoi que partir, ce soit un beau voyage, si l’on y pense, tout ce gris, ce mouvement, cette eau, et même ces ponts, ce qui va vers là-bas qui a son propre sable, ses propres oiseaux, ses propres arbres, et l’ailleurs est beau, car il a pour lui d’être loin, et ça compte pour les bancs, vissés entre deux arbres avec parfois des oiseaux, parfois des ombres qui s’y reposent, parfois des gens, un tel une telle, et parmi eux parfois celle, qui est moi certains jours, et d’autres jours qui le sait ? mais cette autre quand elle vient, a du sable au fond de sa poche, avec des galets et des lettres, Loire lui donne comme des tapes, des bourrades des coups de tête en lui montrant le pont, l’éblouit de ses gris ses mouvements et cette eau, qui est du ciel, et plus que du ciel du vent, quand tu regardes longtemps, plus que du ciel du temps, la mer, et même de ta poche le dedans, avec ses lettres, le sable, et Loire te parle et te dit le chemin de tes lettres, du galet par le pont, jusqu’aux griffes, jusqu’aux dents, et parmi les autres, untel une telle, ce jour-là c’est moi, qui viens à Loire sans l’écran de la nuit et sans lettres, ni galets ni sable, c’est moi, juste les doigts au fond de la poche, noués sur des miettes, Loire dit jette, c’est pour la route, c’est pour les dents cachées sous les draps où quelque chose fait mal, qui n’appartient qu’à moi mais que je prête, aux disparates, mal arrimés aux bords et qui trimballent des lettres, comme toi, parfois, quand tu viens tout en autre, par le pont de sable avec de l’eau, des galets plein la tête, mais pas ce jour, où Loire en reflets de froid, si lente, si grande sur sa terre, si belle d’être nue, d’être là sans réponse, amène par le pont, sous la deuxième arche, l’homme assis là, près de moi, untel parmi les autres, qui dit Loire c’est un chant, c’est Callas que je vois


LES MOTS-CLÉS :

© Michèle Dujardin
1ère mise en ligne et dernière modification le 15 mai 2009
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