perdu dedans

Photographie : gare du Nord, février 2011.

« Lorsque le futur est plus sombre que la nuit, chacun comprend pourquoi, d’une telle accumulation d’ombre, jamais ne jaillira le jour. »
Edmond Jabès


prolonger par un nouveau texte : En rêve

perdu dedans, où noir suinte – espace des mains : genoux-tête, inflexible absence – à toute métamorphose possible – ou départ – la couverture – comme un silence, que perforent les taches de lumière – à l’autre bout de la figure humaine – mais là toujours, dans l’humanité qui vaque, sans figure – à ses voyages, à sa mort – je n’existe pas : personne ne sait où il est - de ne plus être avec, dans les mots – juste leur trou, leur profondeur – à la distance des mains nouées, porte-front – lourd déchiré de la nuque, continuité calme des bras sur le repli – os pétrifiés dans l’arc, vers la terre – visage de tissu, au-delà du masque : ce qui vient de lui, s’en détache – ce qui tombe en tenant, contre la chute, sans vouloir – immobile, la couverture : silence, comme taillé dans la pierre de lave – attendre longuement – à la rencontre, par le travers de la fausse nuit, des mots où ne plus être là – sur la terre – des haut-parleurs de vide, dans l’abrupt – ce rouge violent, ce minutage, clignotement des parois de plastique – des corps passant, substance molle, hostile : des horaires qui marchent vers leur destination - déplacent l’air, avec du bruit et des choses qui cognent, écrasent, nommées – des mots où ne plus être, que dans leur trou, leur profondeur – là, dans le blanc, l’interstice où on ne les entend pas – bouche fermée, de longtemps, à ne plus dire ce qui ne peut pas, là, de toute parole, être même un gémissement, un petit cri – souffle est raccourci, battant – autour d’une chaleur de nid, de nuit, de paille – demain se regarde dans les yeux d’aujourd’hui : aveugle, arrêté – non solitude – mais là, dans ce qui est seul, être un – dans la faille de carence, à la mesure du corps – d’abandon – depuis toujours, sans souvenir – personne ne sait où il est : je n’existe pas – un dérangement, une gêne – une image en nous qui se cherche –

cela passe – et ne passe pas

 


LES MOTS-CLÉS :

© Michèle Dujardin
1ère mise en ligne et dernière modification le 23 mars 2011
merci aux 874 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page