horizon dur

L’existence donc
comme un os supplicié
qui va debout dans l’homme
en mendiant la tempête.
Guy Viarre


prolonger par un nouveau texte : à la piscine municipale

horizon dur : un sans-lieu, basse terre incise avec moraines de fond, l’aile cendre tirée là, comme aux vents de loess, équerre mi-glace, mi-placage abattant des pans entiers de berges – un barrement de foudre et sa transformée ardoise, tourbe – chenaux en rebond, espacements et heurts : caillots de corrosion égouttés, mobiles dans l’hypermnésie des visages : à palabrer des bribes tout revient sans chair, si vieux de fonte et de fatigue, mendiant dans les flaques une convergence nulle, défaite de soi – neiges oblongues – la tombée s’éteint dans le blanc des voix : l’hiver est stable, d’écœurante mollesse

tous les grains en suspens, l’orbitale vacante : le fleuve est courbe par delà sa blancheur, ici l’œil rond du bouchon des mots, un lent démembrement de termes : il est exténué, il se paraphrase dans le balancement des marées, au creux des boires peu profondes

toujours le plongement de choses impossibles, la main d’une morte qui glisse à goût d’humus et vase, ses cheveux, terre pâtissière blonde grouillant de miel noir et de sciure fraîche : n’empêche là, comme une gifle de vie Meaulnes, si tu avais su, dans l’escalier, avec ce poids sur la poitrine

récits d’écartèlements, de réseaux d’obliques fluides, perpétuellement relaps : la conjecture n’est pas vraie localement, la migraine est d’axe, de décentrement, au degré flou de la lecture : une estimée de plus perdue en son essence, quand tout pleut autour de rien – Outback intraduisible, trop ancien – bégayé dans le cuir de roche, les reliquats de feux, les brassages du vent : retranche toute chose, ouvre les mains

du mouillé froid du théorème d’existence, ou la rature, ses lumières - seul moment d’équivalence ouverte : les notations flottantes – un mouvement chiffré au sein du blanc qui dure, les cailloux dénudés sous le travail de râpe : on soupèse l’eau des retrouvailles, une ligne minée en temps fini, décomposée sans bord ou simplement connexe : la déliaison s’ensuit dans l’aire nettoyée, reconquise – une perte habitée à grands frais, mais avec panache : petits éclats concrets, sur le fil d’usure et de désuétude

ils montent de leur profondeur de brique, les visages, et vous fixent de leur regard mort : il faut alors les entretenir du paysage


LES MOTS-CLÉS :

© Michèle Dujardin
1ère mise en ligne et dernière modification le 21 février 2018
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