
« toujours de son pas la terre
donne sur un “où es-tu” – qui, répété,
laisse
à l’abandon plus avant »
André du Bouchet
alors bêlant d’une coulée nacrée
ces éléments de l’onde,
ces goélands le long du monde pour boire l’air,
allongés,
lunatiques glissant de la folie
des lombes,
lames comme des mots
le tâtonnement secret,
à l’écoute perpétuelle :
nous voilà de rivages labiles,
les os si lents,
comme jetés,
en visages-échos dilapidés de
sève,
à tous les vents
encore nos âges,
si gris tannés façon d’accrocs,
Dieu d’où nous sommes,
Italies éraflées courant des laisses,
des passes brisées
parallèlement :
lyre des blés, largesses,
aux antres des veillées la Cybèle,
ces plaies juteuses
et chaudes
où nous pensions le fruit,
la paresse
ne saurait lire l’ordinaire,
ces noms tombés, sur la route :
l’hiver et l’horizon lapident,
on s’en souvient,
les lèvres de l’autre et les pins,
la matière liquide,
si limpide du lien
à petites journées glissant
debout,
vers l’aval sans limite,
haut fond de terre comble à langer nos morts,
liminaire intact
pour un recel de notes,
si difficiles les houles,
nous avons la mer béant dans la main :
pourquoi tel autre,
éphémère mobile,
brûle-prunelle et coursier floué,
las de laisser vacante,
l’eau,
la nage aveugle,
ses bleus
incertains
allons ployés ce soir
d’innocence et de rouille,
jouant,
éludant l’incidente où la phrase se brise,
hors ces courants gelés,
advenus là comme une faute
le corps nous manque,
aussi le temps,
enveloppe pâle et ses libelles ruinés,
quand bâille d’îles
dans les replis salés
l’oubli fatal :
notre départ alors soufflé
ailleurs,
vers des lieux sans
surprise :
écrire n’approche plus rien,
et lumière est un mot ancien, trop dur à dire
allons lovés dans des orbes factices,
qui parlent de loin,
les ailes sont glanées dans le roulis
commun,
restent bêlant ces éléments de l’onde,
ces pas têtus,
le sable préhensile :
dessous les squales,
les derniers jeux,
l’effritement
tranquille
1ère mise en ligne et dernière modification le 4 décembre 2015
merci aux 980 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page